25 heures à bord d'un bateau de recherche

Publié le par Julie Bousquet

    Comme je le disais précédemment, je souhaitais suivre le cours d'écologie marine, mais les préalables me faisaient défaut. J'ai donc suivi celui d'écologie des eaux douces. Cependant, le professeur m'a gentillement proposé d'accompagner les étudiants en écologie marine à bord du Coriolis II, navire de recherche inter-universitaire.

Voici ce que j'écrivais en revenant de cette formidable expérience :


    Réveil matinal lundi. Il est 5 heures lorsque je referme la porte de l'appartement derrière moi. Une bonne demi-heure de marche en direction du port de Rimouski. Aujourd'hui, j'ai la grande chance de pouvoir participer à la sortie en mer à bord du Coriolis II. Equipage d'une douzaine de personnes (dont beaucoup de femmes), une dizaine d'étudiants et quatre profs : nous voici partis pour 25 heures sur les flots du Saint-Laurent. L'objectif : découvrir, et se familiariser avec un bateau de recherche, la sécurité et les manipulations à bord. Je parle vraiment de chance car, je ne suis pas le cours d'écologie marine dans lequel s'inscrit la sortie, mais le prof (Alain) m'a très gentillement proposé de venir, dans la mesure où il restait de la place sur le bateau. Je lui en suis très reconnaissante, cette sortie a été géniale.
 
 

   Nous quittons le port alors que le soleil se lève sur les reliefs de la rive sud ; la ville est encore éclairée de ses mille points lumineux. La mer est d'huile, si calme qu'on se croirait sur un lac. Nous passons au large de l'île Saint-Barnabé, et nous nous dirigeons vers l'amont, vers l'embouchure du Saguenay. Nous sommes au milieu de cet immense fleuve, de chaque côté les reliefs apparaissent comme des silhouettes lisses et bleues qui plongent dans l'eau. Petit tour à la timonerie ; cet endroit dégage une atmosphère chaleureuse. A babord, une tête dépasse de l'eau : un phoque !  C'est tout simplement fantastique, d'être sur ce bateau au milieu de l'eau, au petit matin, devant ces paysages grandioses ! Décidément, Canada, je t'aime.

 
 
 

   Petit topo sur la sécurité à bord avec le Capitaine. Lorsque nous ressortons sur le pont, la mer a changé. Les vagues se sont formées, bleu marine avec quelques moutons blancs. Pour nous occuper avant d'être arrivés à la station fixe, nous décidons de faire un chalut. Une fois notre pêche remontée, il nous faut identifier et dénombrer les espèces. Trier et compter quelques 1700 crevettes roses les doigts dans une eau à 4°C, c'est aussi ça les joies de la biologie marine !

 
 
 

Je somnole avec quelques autres dans le carré, lorsque Vincent vient nous chercher : « Il y a des baleines ! ». Merci, merci Vincent, d'être venu nous chercher ! Un point blanc dépasse de l'eau, à intervalles réguliers, puis un autre, et encore un : nous avons à côté de nous un grand banc de belugas !  Beluga... rien que le nom me fait rêver depuis que je regardais les émissions de Cousteau à la télé. Et ils sont là, à quelques centaines de mètres, ces fameux Belugas du Saguenay. C'est magique. Parmis ces dos blancs, quelques ailerons noirs : des rorquals communs. Un rorqual bleu, en arrière du bateau. Je n'en verrai que l'évent. Nous sommes véritablement gâtés de voir autant de Mammifères marins ! Repenser à cet instant suffit à me donner le frisson d'émerveillement qui m'a parcourue alors. Dans ce petit vent et cette mer peu formée, ça donne envie de prendre un kayak ou un petit voilier pour se rapprocher... Je reviendrai, il le faut !

 


 
 
 

   Nous arrivons à la station fixe aux alentours de midi. Nous y resterons jusqu'au soir, à faire des prélèvements réguliers. Mesures physico-chimiques, zoo- et phytoplancton, chlorophylle... Les appareils sont d'une autre dimension que ceux utilisés au lac Noir ! C'était génial de participer à tout ça : prélever l'eau avec la rosette, filtrer les échantillons, plonger puis remonter le filet...  Et l'équipe tournait bien, ce qui nous a même valu quelques remarques positives de la part des profs ! L'idéal des conditions de travail et d'apprentissage, en somme.

 
 
 

   Dans l'après-midi, je suis sur le pont arrière, à rêvasser en regardant les flots. Là, je vois comme un nuage qui s'échappe de l'eau, puis plusieurs autres. Ce sont les évents des baleines. C'est assez magique : sans les voir, nous savons qu'elles sont là. Puissance pacifique et invisible, mais perceptible. Un peu plus tôt, c'était un phoque qui s'approchait du Coriolis, roulant entre les vagues comme sur une plage de sable où il ferait la bronzette.

 
 
 

   Il n'est pas 23heures et je tombe de sommeil. J'abandonne donc ceux qui sont encore sur pieds. Ils continueronts les manips jusqu'à 1 heure du matin. Vers 2 heures, Véronique (notre excellente chef d'équipe) me réveille. Nous sommes devant les Escoumins, pour un autre prélèvement de zooplancton.  Sur le pont avec les quelques résistants, je ne serai pas d'une grande utilité à la manoeuvre. Le temps de plonger le filet et de le remonter, je me serai assoupie, assise sur le pont ! Retour à la couchette pour deux petites heures dont je profite pleinement. 5 heures, de nouveau debout. Nous faisons un dernier chalut au large des îles du Bic. Cette fois-ci le fond n'est plus constitué d'oursins mais d'ophiures. Il y en a tellement... impossible de les compter ! Puis je tourne la tête vers le hublot : le quai ! Nous sommes arrivés, déjà. C'est passé tellement vite. L'équipe du mardi est prête à prendre notre place.

 
 
 

   Je crois que je n'oublierai jamais ce lundi 1er octobre 2007 passé à bord du Coriolis II sur le Saint-Laurent. C'était une expérience unique, et enrichissante à souhait. Sans parler de ces splendides paysages et des mammifères marins venus offrir un tel spectacle. Chouette cadeau.

 
 
 

  Si jamais ils passent ici et lisent cet article, je souhaiterais en profiter pour remercier l'équipage du Coriolis II, les professeurs et notamment Alain Caron qui m'a lancé l'invitation, et bien sûr les autres étudiants qui ont participé à cette journée inoubliable.

 
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